NOTE D'INTENTION
Harry est un écrivain qui n’a pas d’éditeur.
Il est hypocondriaque, névrosé à la
limite de l’hystérie ; il prend sa tension
10 à 15 fois par jour, jusqu’à ce
qu’elle soit au-dessus de la normale…
Jake est photographe d’acteurs. Il en a photographié quatre
en six mois.
Il rêve de glisser un burin sous
leurs dents blanches.
Comme il ne peut pas survivre, il va augmenter ses
tarifs.
Harry pense qu’il devrait les baisser.
Harry veut écrire ce qu’il a dans son
cœur. Il a 46 ans et pense que beaucoup d’artistes
importants ont eu un succès tardif.
Jake a 50 ans et pense qu’on ne peut pas écrire
les chefs d’œuvres de la littérature
sur son lit de mort. Il n’y a pas d’art
sans force !
Il pense qu’il est indécent
d’écrire ce que l’on a dans le cœur
si cela signifie : mettre son coeur a nu sans aucun
profit.
Harry pense que la métropole
le nourrit.
Jake pense que la métropole est corrodée,
qu’elle ronge notre horizon, et broie ce qu’il
y a de meilleur en nous.
Ils en sont tous les deux les victimes.
A travers ces deux personnages
qui sont un peu les deux versants de nous-même, Ira Lewis dénonce
la violence et la dérision de la réussite
dans les villes, notre asservissement à leurs
codes, la misère normalisée.
Et même si l’un des deux s’en sort,
dans cette nuit glaciale de février à 3
heures du matin, nous nous interrogerons :
Qu’avons-nous
fait de notre vie ?
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